"Why are they awake?" demande l'enquêtrice. Nous sommes dans la série Flashforward (2009). La population de la planète entière a perdu connaissance au même instant pendant 2 minutes et 17 secondes. Dans le premier épisode, des agents scrutent des images de télésurveillance : lors du black-out collectif, une silhouette déambule dans les gradins d'un stade au milieu d'une foule de spectateurs inanimés. Les images sont de qualité médiocre, mais il est évident qu'il s'agit d'une seule personne. Alors, pourquoi l'actrice dit-elle "they" ? (1)
Cette réplique m'avait déjà interpellée lors du premier visionnage de cette série, revue un peu par hasard récemment. C'était la première fois que je remarquais un exemple flagrant de cet emploi du they singulier.
Contrairement à ce que pourraient croire les non-anglophones, l'emploi du they singulier n'est pas réservé aux personnes qui se choisissent un pronom non genré. Il est maintenant couramment utilisé quand on ignore le sexe de la personne dont on parle, ou lorsqu'on veut préserver le mystère sur son identité, ce qui est pratique dans le contexte d'énigmes policières.
Cet emploi généralisé devenu banal est assez récent pour que son apparition m'ait interpellée comme une nouveauté. D'ailleurs, ce they incongru et déstabilisant que l’on est tenté de traduire par un pluriel vous a peut-être dérouté. Ce fut mon cas. Et la question de dater cette apparition et la généralisation de son usage s'est donc logiquement posée. D'où l'initiation d'un processus de prise de notes et donc de vérification de dates, qui s'est engagé de façon un peu erratique au début et plus systématique ensuite. Je voulais en partager le résultat ici.