Journaljanvier 2025

Vie de l'ATAA
16/01Assemblée générale à 19h à la SCAM

Rencontre avec Isabelle Brulant

Lauréate du Prix de la traduction de documentaires audiovisuels 2024

Félicitations pour votre prix ATAA !

Si vous ne l’aviez pas remporté, comment auriez-vous réagi ?

Si je n’avais pas gagné le prix, j’aurais applaudi poliment [rires]. J’aurais évidemment été déçue mais pas surprise, car je ne m’attendais pas à gagner. Avec des thématiques ultrapointues sur le monde de la boxe ou l’univers de la haute couture, je n’imaginais pas rivaliser avec les autres finalistes [respectivement Stanislas Raguenet & Cristina Fernandez et Isabelle Sassier, ndlr]. Je pensais même que Lola [Wagner] aurait remporté le prix, car Food Factory s’avère un programme compliqué. Je trouve positif qu’un épisode de téléréalité ait remporté une mention spéciale – comme Delphine Piquet en 2019 avec une série sur le quotidien d’une équipe de mécaniciens – car c’est représentatif d’une réalité de notre métier. Cette récompense démontre qu’il ne faut pas confondre la thématique d’un documentaire avec la difficulté de traduction et la qualité du travail de l’adaptateur. Notre secteur d’activité valorise peu la téléréalité car c’est un genre populaire, au contenu pas toujours intéressant. Pourtant, ces programmes très bavards peuvent nécessiter beaucoup de recherches et s’avérer très complexes à adapter. À l’inverse, un très beau documentaire animalier passera pour un programme prestige. Alors même qu’il s’agira d’une narration dotée de peu de mots, de quelques jolies phrases ponctuées de nombreux silences, et ne nécessitant que peu de recherches…

Cette échelle de valeur dans les programmes s’observe également au sein des professionnels de la traduction. Ceux qui font de la voice over sont dépréciés. Le doublage se situe tout en haut de la pyramide, au-dessus du sous-titrage, tandis que la voice over, perçue comme le travail d’adaptation le plus facile, est reléguée tout en bas de cette hiérarchie. Beaucoup dans le métier – DA, chargés de projets dans les labos, etc – refusent même les projets en voice over… Selon moi, il serait nécessaire d’entreprendre une revalorisation du documentaire. Par chance, Netflix a un peu changé la donne en nourrissant son catalogue de non-fiction. Précédemment, il n’y avait qu’Arte à s’illustrer véritablement dans ce domaine.

Lola Wagner (mention spéciale) et Isabelle Brulant

Pensez-vous qu’il soit courageux de concourir au Prix de l’ATAA avec un programme de téléréalité ?

Il peut être difficile de postuler parce que nous ne nous sentons pas légitimes, et que nos programmes ne sont pas toujours intéressants. Nous n’osons pas… D’autant que ces projets sont souvent faiblement rémunérés. Nous avons peur d’être jugés pour avoir accepté de mauvaises conditions de rémunération et pour ne pas avoir respecté la charte éthique de l’ATAA. Et que dire des labos dont les grilles tarifaires restent basses et qui, de fait ne nous respectent pas ? Nous n’avons aucune envie de les mettre en lumière lors de la cérémonie des Prix de l’ATAA !

Pourquoi ne traduisez-vous pas de fiction ?

Dans ma carrière, la seule traduction de fiction que j’ai réalisée était pour Dubbing Brothers dans le cadre du festival Séries Mania organisé chaque année à Lille. J’ai beaucoup aimé cet exercice, mais je reconnais que je n’aimerais pas m’y consacrer à temps plein. La fiction nécessite un engagement important sur plusieurs saisons, or j’ai besoin d’oxygéner mon cerveau en diversifiant les contenus. J’ai du mal à m’investir sur un unique sujet longtemps : même pour une série documentaire de huit épisodes consacrée aux expériences scientifiques nazies (bombes, virus, etc), je me suis lassée au bout de la quatrième partie. Que les documentaires historiques soient bavards et truffés de données y a également contribué... Mais, sauf exception, la traduction exclusive de documentaires me permet d’alterner les thématiques toutes les semaines : c’est génial ! Quand je suis fatiguée intellectuellement, je traduis une docufiction criminelle. Cela me donne la sensation de mener moi-même l’enquête. Ce type de programme réclame également des recherches mais pour des raisons différentes. Au montage, on perd souvent de l’information. Je pense en effet qu’il y a beaucoup de rushes, et que le contenu est synthétisé au maximum pour tenir en 44 minutes. Cela peut faire perdre la logique des raisonnements. Il m’est arrivé de vérifier sur Google Maps comment s’agençaient les lieux d’un meurtre pour en comprendre le déroulement ; ou encore de rechercher des articles de presse pour saisir l’incidence de certaines pièces à conviction. Dans tous les cas, je veille à retrouver le sens, à relier les informations, à gommer l’impression que le narrateur passe du coq à l’âne et à restituer la logique des déductions policières.

Avec les jurées Mélanie Bréda et Marine Héligon

Lors de la cérémonie, vous avez salué le travail de votre relectrice Agnès El Kaïm pour le documentaire Pétrole, un lobby tout-puissant. Est-ce habituel que les labos vous proposent ce genre de collaboration ?

Lorsque j’ai commencé ma carrière, les labos faisaient des retours sur notre travail. Par la suite, les restrictions budgétaires n’ont plus permis cette relecture. Nos traductions arrivent désormais directement entre les mains des DA. Certains prennent le temps de faire des retours, mais cela n’a rien de systématique. Avec mon amie Carole Remy, nous prenons sur notre temps personnel pour relire mutuellement certains de nos programmes. Notamment, ceux présentant les plus gros enjeux. Ces simulations s’avèrent d’autant plus utiles qu’elles donnent l’opportunité d’appréhender les méthodes de travail de nos confrères et consœurs. Comme cela a été le cas avec Claudia Faes que j’ai connue lorsque j’ai traduit un programme complexe sur la Station spatiale internationale. Le labo lui avait confié la relecture de mes sous-titres. J’avoue que ça m’a mis une pression supplémentaire car Claudia était la lauréate en titre du prix de la traduction de documentaires audiovisuels. Ses retours ont été d’une qualité tellement supérieure à tout ce que j’avais déjà vu ! Bien que n’étant pas spécialiste de la question, ses remarques étaient ultra précises. Claudia avait réalisé de nombreuses recherches et m’a suggéré de très bonnes idées. Par ailleurs, j’ai été impressionnée par sa maîtrise technique du logiciel de sous-titrage qui était nouveau pour moi. Elle m’a énormément aidée sur ses fonctionnalités. Je me suis sentie en sécurité : en cas de souci, je savais qu’elle aurait la solution. Lors de cette collaboration, j’ai réalisé que Claudia était une pointure dans notre métier. Il faudrait que je me penche davantage sur son travail…

Maintenant que vous êtes, vous aussi, publiquement reconnue par vos pairs, comment allez-vous le communiquer ?

Beaucoup de confrères et consœurs m’ont recommandé de capitaliser sur ce moment et de mentionner le prix dans la signature de mes emails. Pour le moment, j’ai seulement posté un message sur LinkedIn. Mais il faudrait que je saisisse cette occasion pour relancer des prospects ou des clients. Seulement, il est toujours compliqué de démarcher sans être capable d’absorber immédiatement de nouveaux projets. Dans nos métiers, les clients attendent souvent que nous soyons disponibles tout de suite. C’est un équilibre difficile à trouver…

Crédit photo : Brett Walsh

Journaldécembre 2024

Relations avec les clients
20/12Atelier voice over Netflix
Vie de l'ATAA
17/12Réunion du conseil d'administration
Associations soeurs
16/12Réunion AVTE
Institutions
13/12Participation au GIT
Institutions
10/12Conseil d'administration de la SSAA
Associations soeurs
09/12Réunion AVTE
Institutions
06/12Rendez-vous avec le CNC et les organisations du groupe pour une création humaine
Institutions
05/12Réunion avec le SNAC concernant la SSAA
Associations soeurs
03/1211h30 rassemblement doublage 19h assemblée générale intersyndicale doublage
Associations soeurs
02/12Réunion intersyndicale

Prix de la traduction de documentaires audiovisuels 2024 : bravo à Isabelle Brulant et Lola Wagner !

Jeudi 14 novembre 2024, Madeleine Lombard, Marion Riches et Adrienne Golzio du comité d’organisation du Prix de la traduction de documentaires audiovisuels ont accueilli 100 invités dans l’auditorium Charles Brabant de la Scam. Rassemblé pour la cérémonie de remise du Prix, ce public a assisté au sacre d’Isabelle Brulant qui a remporté le trophée, et de Lola Wagner récompensée d’une mention spéciale.

C’est avec un plaisir non dissimulé que Rémi Lainé, président du conseil d’administration de la Scam – où siège notre représentante Valérie Julia –, et Hervé Rony, directeur général de la Scam, ont accueilli la 7e édition de la cérémonie de remise du prix de la traduction de documentaires de l’ATAA. Après un an de travaux, le magnifique hôtel particulier offre de nouveaux espaces de travail, dont des studios Image & Son, accessibles gratuitement aux adhérents de la Scam. Chacun est invité à se les approprier. D’autant que Rémi Lainé et Hervé Rony n’ont pas non plus caché leur attachement aux traducteurs de l’audiovisuel dont ils reconnaissent l’apport au métier. En effet, rien n’est-il plus éloigné d’une adaptation professionnelle qu’une traduction DeepL ? Consciente que notre profession est mise à mal, la Scam se bat chaque jour pour négocier des accords. La mobilisation est complète concernant l’intelligence artificielle pour laquelle des possibilités d’encadrement sont à l’étude. Avec un répertoire particulièrement cohérent, la Scam sait qu’elle pèse dans les négociations, de même que les traducteurs dont le poids est réel. Et s’il fallait une autre preuve d’appartenance des traducteurs à la grande famille de la Scam, Rémi Lainé et Hervé Rony ont officiellement annoncé qu’une enveloppe de soutien institutionnel d’un montant de 10 000 euros venait d’être attribuée à l’ATAA.

Hervé Rony, directeur général de la Scam, et Rémi Lainé, président

Mais qui sont les petits nouveaux ?

En 2024, le Conseil d'Administration de l'ATAA s'est étoffé de cinq nouveaux membres. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Vous voulez tout savoir sur eux ? Alors c'est parti !

Deuxième nouvelle recrue à se prendre au jeu du portrait : Alice Vial, la membre du CA qui peut nous apporter des cannelés de Bordeaux en provenance directe !

Penser et agir collectif est absolument essentiel, et ça aide énormément à ne pas baisser les bras et à rester optimiste pour notre avenir, et pour celui de la création en général.
  • Depuis combien de temps travailles-tu dans le domaine de la traduction ou de l'adaptation audiovisuelle ?

J’ai commencé mon activité d’adaptatrice, en 2015 à la suite de l’obtention de mon master à Nice.

  • Quel aspect de ce métier te passionne le plus ?

La découverte permanente qu’il permet, que ce soit quand on se creuse la tête à trouver la bonne formule, en découvrant au passage des expressions qu’on ne connaissait pas, des termes qu’on employait mal, des trouvailles qui nous rendent fier·e, ou au niveau de la diversité des programmes qu’on peut adapter : parfois on est sur un projet qui ne nous emballe pas forcément à première vue, et puis on s’attache à des personnages, on se prend à une intrigue, on apprécie un genre qu’on ne connaissait pas… et on finit nostalgique à la fin du projet. On l’entend souvent aussi mais, quand on a l’occasion d’aller en studio, la magie de voir ses mots prendre vie à la barre, c’est un chouette moment pour un·e auteurice. D’autant que c’est aussi l’occasion de défendre nos choix de traduction et ça donne souvent lieu à des échanges très intéressants et constructifs.

Journalnovembre 2024

Associations soeurs
25/11Réunion inter organisations autour des stratégies anti IAG
Institutions
25/11Rendez-vous avec le ministère de la Culture au sujet de la SSAA
Relations avec les clients
21/11Réunion périodique avec Netflix
Associations soeurs
21/11Réunion ATESS, ATLF, ATLAS, ATAA
Vie de l'ATAA
14/11Réunion du conseil d'administration
Prix ATAA
14/11Remise du Prix ATAA de l'adaptation d'un documentaire audiovisuel en partenariat avec et à la SCAM
International
06/11Participation avec l'AVTE au Translating Europe Forum à Burxelles

Dysfonctionnements et déni de démocratie à la Sécurité sociale des artistes-auteurs

Membre du conseil d'administration de la sécurité sociale des artistes-auteurs (SSAA), l'ATAA est signataire, avec d'autres organisations, d'une lettre ouverte aux ministères de la Culture et de la Santé, ses deux ministères de tutelle, afin de dénoncer le dysfonctionnement de cette organisation censée exercer des missions de service public, gérer le régime social des artistes-auteurs et assurer plusieurs missions au service des artistes-auteurs.

IAG et droit d'auteur, l'opt-out et l'opt-in

On n’est pas forcément OK quand on est in, ni KO quand on est out, l'ATAA vous explique.

L’opt-out, c’est ce qui s’applique aujourd’hui en matière de droit d’auteur et d’IAG. C’est le Droit d’opposition personnel (dispositif défini aux articles L211-3 8°, L122-5 III et R122-28 du Code de la propriété intellectuelle) à l’utilisation de nos travaux pour le développement ou l’entraînement d’outils d’IAG. Pour faire simple, tant que je n’ai pas refusé expressément qu’on utilise mon travail, tant que je n’ai pas usé de mon opt-out, je suis réputé avoir accepté. Qui ne dit mot consent, quoi. Oui, ça fait mal. Mais on peut “dire mot”. Ce que la SACEM et la SCAM ont d’ailleurs déjà fait. Ces deux organismes ont fait valoir leur opt-out, leur droit d’opposition, pour les œuvres déposées dans leurs répertoires. Vous pouvez, en plus de la protection offerte par ces deux OGC aux œuvres que vous déposez auprès d’eux, faire figurer une mention toute simple au bas de tout courrier transmis à vos clients et de vos notes de droits d’auteur (l’ATAA a mis à jour son modèle en ce sens).

Mais on pourrait aller encore plus loin si l’opt-in était loi. Car à l’inverse du fonctionnement actuel, si le principe d’opt-in s’appliquait, nos travaux seraient protégés par défaut (oui, vous avez bien lu, sans qu’on n’ait rien à faire) contre l’utilisation pour le développement ou l’entraînement d’IAG. Tant qu’on n’aurait pas accepté expressément cette utilisation, on serait réputé l’avoir refusée. Vous l’aurez compris (enfin, on l’espère…), il nous semble essentiel de défendre à la fois une application de l’opt-out et une modification de la réglementation pour basculer vers le principe de l’opt-in.

IAG et traduction - la post-édition

Attention, danger !

Les machines, ces outils initialement conçus pour faciliter nos travaux divers, vous connaissez ? On prédit depuis déjà longtemps qu'elles vont nous remplacer, entretenant une vaste supercherie. Leurs plus fervents défenseurs reconnaissent pourtant l'imperfection des productions issues de machines. Et l’ATAA, comme ses adhérents, reçoit de plus en plus souvent des questions et des propositions autour de la post-édition. Si vous ne savez pas bien ce que c’est, c’est normal, car ce terme est l’exemple même d’une mauvaise traduction.

Issue de l’anglais “post-edit”, cette pratique consiste à retravailler une sortie machine pour que le texte ainsi transposé (on ne peut plus vraiment parler ici ni de traduction ni d’adaptation) d’une langue à une autre retrouve la forme et les caractéristiques d’une traduction ou d’une adaptation réalisée par un humain. Cette pratique, fondée sur une vision chimérique et statistique de la traduction (un mot ou un groupe de mots en langue A = un mot ou un groupe de mots en langue B), emporte plusieurs risques majeurs.

La multiplication de textes et documents issus de machines et plus ou moins améliorés par des humains mène (déjà !) à une standardisation et à un appauvrissement de nos langues et de nos pensées.

IAG et traduction

Ce que nous devons aux Babyloniens, à Alan Turing et à leurs successeurs

Voilà bien longtemps que l'homme a intégré l'existence de différentes langues non comme un progrès, une richesse culturelle, comme le fruit des évolutions de ses pensées, comme l'expression de ses adaptions à des contextes naturels, historiques, politiques ou sociaux divers, mais plutôt comme une punition mythique, un obstacle à surmonter pour faciliter, voire libérer, les échanges humains de toutes natures.

Voilà donc bien longtemps aussi qu'il tente par différents moyens de vaincre cet obstacle, de contourner cette punition.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la défense des libertés passait par l'interception et le décodage de messages secrets. Ces messages étaient codés pour n'être lisibles par leur destinataire qu'après un décryptage, au moyen d'un système de codage connu de lui et de l'émetteur du message. De là, entre autres, est née la supercherie, le mirage d'une possibilité de traduction automatique fondée sur l'idée qu'une langue serait un code, et que passer d'une langue à une autre reviendrait finalement à transposer un message d'un code à un autre.

Les premiers modèles de traduction automatique ont ainsi été développés à partir de listes de mots, complétées de règles syntaxiques, grammaticales et linguistiques pour chaque langue des combinaisons recherchées. L'ajout de ces règles permettait, avec un travail d'arborescence, d'améliorer les résultats de transcodage pour imiter un message rédigé directement dans la langue cible.

Puis les chercheurs commencèrent à envisager, en s'inspirant de la biologie, l'idée que les machines puissent, à partir de ces données, "apprendre" par elles-mêmes comment traduire en développant des réseaux dit neuronaux, c'est-à-dire supposément inspirés de la structure neurone du cerveau humain. Pour faire fonctionner ces réseaux, la machine doit en premier lieu comparer d'immenses corpus de textes disponibles dans deux langues. À partir de cette étude, elle crée une représentation spatiale de chaque langue, un modèle d'organisation linguistique, établi, pour chaque combinaison de langue source et de langue cible, sur la base d'occurrences et de proximités récurrentes de mots ou groupes de mots les uns par rapport aux autres. Le résultat du transcodage est ici obtenu à partir d'un calcul statistique, de probabilité, en somme.

Journaloctobre 2024

Vie de l'ATAA
16/10Portes ouvertes de l'ATAA au Point Éphémère, 200 quai de Valmy, 75010 Paris, le mercredi 16 octobre à 19 h. Inscription est ouverte à tous, mais obligatoire en cliquant ici.
Vie de l'ATAA
14/1015 h - réunion du conseil d'administration à Paris et en ligne
Associations soeurs
14/10Réunion du groupement doublage / sous-titrage du SNAC.
Formations
12/10Point contact, samedi 12 octobre, de 14 h à 18 h, à la Maison des Associations, 15 passage Ramey, 75018 Paris. L’occasion pour des membres chevronné·es de l’association d’accueillir les jeunes diplômé·es et autres adhérent·es ayant toujours quelques interrogations sur la façon de naviguer sur le fleuve du statut d’artiste-auteurice indépendant·e.
Associations soeurs
01/10Participation à une journée de rencontre interprofessionnelle de la SFT.

Deauville, le retour

(des sous-titres calamiteux)

En 2020, plusieurs membres de l’ATAA qui assistaient pour leur plaisir au Festival du film américain de Deauville s’émouvaient dans un billet de blog de la piètre (c’est peu dire) qualité de beaucoup de sous-titrages des films présentés en sélection, notamment des films n’ayant pas de distributeur français. Visiblement, c’était s’époumoner pour rien : force est de constater que la qualité n’a fait qu’empirer, notamment sous l’influence de la machine dont on nous promet qu’elle peut avantageusement remplacer les traducteurs, appelée même « intelligence » artificielle, mais on se demande bien pourquoi ici. Car celle-ci montre clairement ses limites (alerte spoiler !) par son absence de prise de décision sensible, de désambiguïsation, d’analyse de l’image ou du contexte ou simplement de la langue.

Les équipes de films ou productions américaines de ces films indépendants souvent à petit budget se retrouvent sans doute tentées de « simplement » passer leur fichier de sous-titres anglais dans une moulinette de traduction automatique, et cela sans que l’équipe du Festival n’ait contrôlé le résultat catastrophique, si l’on en croit les erreurs grossières, systématismes absurdes et répétitions inutiles qu’une intelligence humaine ne ferait jamais, les non-dits non traités et facteurs de contresens, les références culturelles ou traits d’humour qui passent à la trappe, les choix sémantiques inexistants et les subtilités de sens ou de registre de langue allègrement piétinées. En deux mots comme en cent, bien souvent, ça n’avait AUCUN SENS.

On pourrait relever une certaine ironie dans le fait que ce Festival qui se targue d’être un dialogue entre le cinéma américain et le cinéma français, comme cela a été répété toute la semaine, fasse aussi peu de cas de la traduction des dialogues des films qu’elle présente. De toute évidence, en laissant faire ces pratiques de traduction automatique ou non professionnelle, le Festival laisse la langue se faire maltraiter, au mépris des œuvres, des équipes de films et du public.

Comme s’en prévaut le Festival, il s’agit d’une semaine de rencontres cinématographiques prestigieuses, pas d’un petit festival du coin bricolé avec les moyens du bord. Le contraste est particulièrement saisissant entre les moyens mis pour les tapis rouges, grands invités et autres tralalas, et l’amateurisme des sous-titres, qui rayent la rétine du public au même titre qu’une image qui serait floue ou déformée. Nombreux étaient les spectateurs qui se déclaraient gênés en fin de projection, ayant eu du mal à suivre le film projeté du fait de sous-titres surchargés, truffés de fautes et d’approximations, voire totalement incompréhensibles.

Pourquoi le Festival néglige-t-il ce pan entier de la post-production et de la diffusion des œuvres, au risque de se discréditer, tout en prétendant mettre à l’honneur lesdites œuvres ?

Pourquoi les productions prennent-elles le risque que leur film soit incompris, son propos, son atmosphère et son esthétisme trahis par une machine dénuée de compréhension ?

Petites études de cas par les membres de l’ATAA qui avaient fait le déplacement cette année et ont courageusement souffert pour offrir ce compte rendu 😊