Rencontre avec Laure-Hélène Césari

Lauréate du Prix de l’adaptation en sous-titrage d’une série audiovisuelle

Vous avez reçu un prix ATAA pour l’adaptation de la série Brassic dont l’une des principales difficultés est le langage argotique. Avant la création d’Urban dictionary et d’autres outils en ligne, comment aurait-il été possible de traduire Brassic ?

Je pense qu’il aurait fallu un contact en Angleterre pour valider le sens de certaines phrases. D’autant que les personnages de Brassic bidouillent différentes expressions. Grâce à Urban dictionary, il est possible de retrouver des doubles, voire des triples sens. Ces personnages très vivants, qui parlent entre eux de manière codée, sont un véritable challenge à traduire, mais j’adore ça ! On vit vraiment avec eux. On est témoin de leur vie de tous les jours. J’aime aller chercher le terme le plus précis possible, sans que cela soit trop daté afin que la série puisse être regardée dans le temps, et sans perdre le spectateur en utilisant des expressions inconnues.

Peut-être qu’à une certaine époque, une telle série n’aurait jamais été diffusée à l’international. Il s’agit d’un programme atypique, pas du tout mainstream. Même aujourd’hui, peu de gens la connaissent autour de moi. Il faut dire que cette série déjantée à l’humour scatophile n’est pas très engageante de prime abord. Il faut s’y plonger. Avec Mona [Guirguis, co-lauréate du prix ATAA], nous en avons bavé sur la première saison. Il a fallu trouver nos marques. Personnellement, je me suis constitué un fichier Excel avec une série d’insultes, de petites phrases d’argot, ou d’expressions, qui reviennent souvent et pour lesquelles il faut varier les traductions. Il a fallu aller chercher des expressions françaises un peu détournées, mais tout aussi fleuries. De ce point de vue, le dictionnaire Bob est aussi extrêmement pratique.

Crédit photo : Brett Walsh

Rencontre avec Mona Guirguis

Lauréate du Prix de l’adaptation en sous-titrage d’une série audiovisuelle

Vous avez reçu le Prix ATAA pour l’adaptation de la saison 5 de Brassic dont vous avez traduit les 6 saisons avec Laure-Hélène Césari. Peut-on qualifier cette série de trash ?

En effet, cette série n’est pas à mettre entre toutes les mains. Brassic n’a aucune limite tant en termes d’images – on y voit du sang, des viscères, des morts qui explosent, etc. – que de vocabulaire. De prime abord, il s’agit d’un programme purement humoristique. On y suit les aventures de Vinnie et de sa bande de bras cassés. Bipolaire, il vit seul dans une caravane au milieu de la forêt, où il cultive du cannabis pour survivre. Lors d’une deuxième lecture, cette série s’avère plus profonde : on y découvre une fine observation des laissés-pour-compte de la société anglaise, une réflexion sur l’amitié, l’amour et l’humain en général. Les dialogues traitent également des traumas de l’enfance, des ravages de l’alcool, mais tout cela alors qu’un personnage a un bras enfoncé dans l’anus d’une vache…

Crédit photo : Brett Walsh

Retour sur la 13e cérémonie des Prix fiction de l’ATAA

Jeudi 5 juin 2025, la cérémonie de remise des prix de l’ATAA s’est ouverte sur un discours de Stéphanie Lenoir. Pleine d’admiration pour le travail des auteurices, la nouvelle présidente de l’association a comparé les professionnel·les de l’adaptation audiovisuelle à des illusionnistes capables de faire croire aux spectateurices qu’iels maîtrisent toutes les langues. Lors de cette 13e édition, ce sont donc six magiciens et magiciennes de l’adaptation qui ont été récompensé·es pour leur talent. En parallèle, l’Extra bille, récompense honorifique créé en 2024, a été remise à deux autrices en remerciement de leur engagement pour la défense de la profession. Alors, place au palmarès ! Roulement de tambours…

Crédit photo : Brett Walsh

Critères de sélection Prix ATAA

Il est sans doute temps, à une semaine de la remise des Prix ATAA 2023,
de rappeler les critères de sélection des adaptations soumises aux jurys.

Pour en savoir plus, règlement disponible ici.

L’alternance, c’est pour bientôt !

« Pourquoi vous ne mélangez plus séries et cinéma ? » Cette question, légitime, les membres du comité d’organisation des Prix ATAA l’entendent régulièrement. Nous avons expliqué par le passé ce qui nous avait amenées, bien malgré nous, à cette décision. Mais il ne serait pas inutile de faire un point, d’autant que ça va encore changer l’an prochain !

Pour commencer, un petit rappel en quelques dates clés :

  • 2012 : création des Prix ATAA Cinéma Sous-titrage, remis en mars à la Fémis.
  • 2013 : deuxième édition pour le Sous-titrage, première pour le Doublage.
  • 2015 : première cérémonie à la Sacem.
  • 2016 : création des Prix Séries, en Sous-titrage et en Doublage, première remise lors des 10 ans de l’ATAA, à la Cité Universitaire.
  • 2017 : création des Prix Documentaires, remis à la Scam, et première remise commune à la Sacem des prix Cinéma et Séries.
  • 2019 : lors de la cérémonie en février, annonce d’une alternance pour les prochaines éditions…