Portrait des nouveaux membres du Conseil d'Administration - Saison 3

Pour la troisième année consécutive, les nouveaux membres du CA se prêtent au jeu des portraits. Découvrez qui sont ceux qui sont venus renforcer les rangs de l'ATAA en 2025 !

Cinquième portrait, celui de Viviane Lesser, qui a choisi de mettre à profit ses multiples vies pour renforcer les rangs du CA !

Nous sommes des artisans qui travaillons dans une industrie, et c’est en défendant nos savoir-faire que nous relèverons le défi [de la lutte contre l'IA].
  • Quel a été le déclic qui t’a donné envie de te lancer dans la traduction ou l’adaptation audiovisuelle ?

Je suis franco-américaine, j’ai eu un rapport très concret à la traduction dès mon plus jeune âge. Mon père ne parlait pas français (mais il parlait l’anglais, l’ukrainien, le russe, le yiddish, l’hébreu et l’allemand !). Très tôt, j’ai appris à faire l’interprète pour lui et ses interlocuteurs français. Chez moi, mes parents et les aînés parlaient allemand entre eux ; à la maison, on parlait tous un mélange constant d’anglais et de français. J’ai eu plusieurs vies avant d’être autrice de doublage. J’ai fait des études de cinéma à Paris 8, j’ai travaillé dans le cinéma, le théâtre, le spectacle vivant, comme comédienne et chanteuse. À un moment, j’ai dû changer d’activité pour des raisons personnelles. J’avais toujours utilisé mon bilinguisme dans mes activités artistiques, et j’ai eu très envie de me consacrer à l’adaptation. J’ai renoué avec le monde du doublage, que je connaissais bien depuis mon enfance ; j’ai rencontré Pauline Brunel, qui m’a fait confiance et grâce à qui j’ai pu écrire ma première série pour Arte.

  • Quel projet a constitué pour toi le plus grand défi technique, artistique ou humain ?

L’écriture de la série You a été une vraie aventure humaine et artistique. J’ai adoré la collaboration avec toute cette belle équipe. D’un point de vue d’écriture, il fallait toujours garder ces sensations de non-dits, ces formules qui ouvrent sur tout un corpus d’idées et de concepts. Et je dois dire que les saillies parfois tragiques, parfois très drôles des monologues du personnage principal étaient très jubilatoires à écrire.

Il y a aussi eu la série Silicon Valley, une critique drôle et acerbe du monde de la tech, encore terriblement actuelle. C’était très bavard, avec beaucoup de références culturelles et informatiques, de nombreux duels verbaux, et une bible énorme !

Et je n’oublierai jamais la confiance et le professionnalisme de Fred Taïeb. Je pense à lui chaque fois que je termine un beau projet.

  • Y a-t-il une scène, une réplique ou un dialogue que tu as traduit/adapté et dont tu te souviendras toujours ?

Oui ! Un dialogue entre Stella (Gillian Anderson) et Spector (Jamie Dornan) dans le dernier épisode de la première saison de The Fall. Le personnage du tueur pense qu’il peut manipuler l’enquêtrice qui est sur ses traces, mais c’est elle qui finit par le terrifier. Et il y a ce bout de dialogue : « Vous pensiez que je vous laisserais partir ? Vous essayez de donner de la dignité à ce que vous faites. Mais ce n’est que de la misogynie. Une violence masculine séculaire dirigée contre les femmes. »

  • Comment as-tu su que c’était le bon moment pour rejoindre le CA ?

Cela faisait déjà plusieurs mois que je m’étais impliquée, en tant que membre de l’association, sur le sujet de l’IA générative, notamment dans le dialogue avec les comédiens. Alors, ça m’a semblé tout naturel de rejoindre le CA pour m’investir encore davantage

  • Quelle expérience ou expertise personnelle aimerais-tu mettre davantage au service de l’ATAA dans les mois à venir ?

Je dirais : continuer de mettre mon énergie et mon sens du contact au service du collectif.

  • Qu’as-tu découvert sur l’association ou sur le métier en intégrant le CA, que tu ne soupçonnais pas avant ?

La veille pour répondre aux demandes des adhérents ! Plus sérieusement, le temps et la diplomatie que ça demande. Et qu’avec du dialogue, on peut obtenir de vraies avancées.

  • Quel changement récent dans le secteur te semble le plus déterminant pour notre avenir ?

Ça ne va pas vous paraître original, mais je vais dire la menace grandissante de l’IA générative dans toute la chaîne de nos métiers, accompagnée d’une tendance à l’« industrialisation » de l’audiovisuel. Nous sommes des artisans qui travaillons dans une industrie, et c’est en défendant nos savoir-faire que nous relèverons le défi.

  • Quelle est la meilleure leçon que tu aies apprise depuis tes débuts, et que tu aimerais transmettre aux nouvelles et nouveaux arrivant·es ?

Faites toujours de votre mieux, faites confiance à vos collègues… et prenez un chien ! Comme ça, vous serez obligés de faire des pauses et de vous dégourdir les jambes !

Mais qui sont les petits nouveaux ?

En 2024, le Conseil d'Administration de l'ATAA s'est étoffé de cinq nouveaux membres. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Vous voulez tout savoir sur eux ? Alors c'est parti !

Et le mot de la fin pour Clément Martin, traducteur de jeux vidéo !

L'ATAA est une structure qui a à cœur le bien-être de ses adhérents, et dans laquelle, si on y met le temps nécessaire, on peut, à sa mesure, faire évoluer les choses dans le bon sens. Et en plus rencontrer des gens super et boire des coups. Que demande le peuple ?
  • Depuis combien de temps travailles-tu dans le domaine de la traduction ou de l'adaptation audiovisuelle ?

Mon tout premier (et seul à ce jour) contrat en audiovisuel remonte à avril 2020 (pour m’occuper pendant le confinement, c’était super) : c’était de la voix-off pour un documentaire, je n’y connaissais rien et j’ai fait de mon mieux. J’ai été payé, j’imagine que ça veut dire que le client était content.

Sinon, je traduis à temps plein depuis septembre 2021, et je ne fais plus trop d’audiovisuel à part pour le jeu vidéo, qui est ma deuxième casquette principale (une image mentale toujours délicieuse, les casquettes multiples).

  • Quel aspect de ce métier te passionne le plus ?

Dans The Wire (la meilleure série du monde, cherchez pas j’ai raison), il y a un personnage de journaliste qui dit qu’il est trop simple pour vouloir des prix, il veut juste voir quelque chose de nouveau tous les jours, et écrire un papier là-dessus.

C’est pour ça que j’aime la traduction : découvrir des choses nouvelles tous les jours, et devoir faire preuve de créativité pour les faire passer dans la langue cible. Ça, et le fait de travailler sous contraintes, nombreuses quand on fait du jeu vidéo (nombre de caractère, contexte réduit, question de genre, etc.)

Mais qui sont-ils ?

C'est vrai, ça, qui sont ces huit membres qui composent le conseil d'administration de l'ATAA en 2023 ?

Afin de remettre les individus au centre de l'histoire, nous avons eu l'idée de ces portraits. Peut-être qu'en nous découvrant plus avant, vous ressentirez la grande envie de nous rejoindre au CA lors du prochain exercice qui commencera en 2024 !

Et pour le dernier portrait, mais pas des moindres, voici notre trésorière de choc, Simona Florescu.

Même avec de petites actions, on participe aux progrès de l'association, et voir notre effort collectif porter ses fruits, c'est aussi une leçon d'endurance et de persévérance au quotidien.
  • Quelle est la plus grande satisfaction que tu retires de ton travail de traductrice adaptatrice ?

Je crois que c'est à la fois le fait d'enrichir et d'approfondir mes connaissances dans tout un tas de domaines par les nombreux documentaires sur lesquels j'ai eu la chance de travailler, et la joie de faire rayonner la culture roumaine et ses œuvres cinématographiques en France. Ayant quitté la Roumanie à 4 ans, j'ai été un peu coupée de son histoire et de sa culture, mais je suis très émue de pouvoir aujourd'hui les redécouvrir et les partager avec les Français à travers les magnifiques documentaires se penchant aussi bien sur la faune et la flore que sur les traditions et coutumes ancestrales de certaines de ses régions encore méconnues.