Journaljanvier 2019

Vie de l'ATAA
22/01CA de janvier

À la découverte du travail du comité d’organisation et des jurys des Prix ATAA​

Juliette De La Cruz répond à nos questions…

Comment sélectionnez-vous les œuvres soumises aux jurys ?

Notre objectif est de choisir le panel le plus vaste possible, notamment en variant les genres : comédie, drame, sitcom, film d’action ou historique… Mais aussi en variant les distributeurs, les diffuseurs, les auteurs, et, dans une moindre mesure, les laboratoires. À ce stade, nous ne jugeons pas la qualité de l’adaptation. Nous laissons ce travail aux jurys. En effet, contrairement à ce qu’on pourrait penser, le comité d’organisation ne visionne aucun des programmes sélectionnés. Ce serait beaucoup trop chronophage et nous ne souhaitons pas influencer les votes en présentant des adaptations que nous jugerions meilleures que d’autres. C'est bien aux jurys de trancher la question.

Néanmoins, nos choix restent éclairés : nous sommes tous cinéphiles et/ou sériephiles. De manière informelle, nous organisons une veille sur les sorties dignes d’intérêt. Nous sommes aussi à l’écoute de ce qui se dit dans le milieu. Il arrive enfin que des distributeurs ou des diffuseurs nous recommandent des adaptations – en toute objectivité – dont la qualité leur semble se distinguer.

Prix ATAA 2019 - Adaptation en doublage d'un film de cinéma

Tour d'horizon des finalistes de cette 8e édition

Philippe Millet pour Jumanji, bienvenue dans la jungle

Comédie américaine, Jumanji, bienvenue dans la jungle raconte les aventures de quatre lycéens qui se retrouvent prisonniers d’un jeu vidéo et de leur avatar. S’ils ne terminent pas la partie, ils ne pourront jamais rejoindre le monde réel…

Philippe Millet a su trouver un parfait équilibre entre langues source et cible : dans le respect du sens, son adaptation s’éloigne suffisamment de la version originale pour adopter la juste expression française. Résultat : ça claque ! Les jeux de mots et les effets comiques sont réussis ! En s’appuyant habilement sur l’image, l’auteur est parvenu à conserver l’esprit du film et des personnages. Notamment quand le souffre-douleur se transforme en Golgoth bodybuildé, et que la fille se retrouve dans le corps d’un garçon. Rires garantis grâce à des répliques françaises qui répondent à l’incongruité de ces doubles identités !

Réalisation : Jake Kasdan

Distribution : Sony

Laboratoire : Dubbing Brothers

Direction artistique : Barbara Tissier

Juliette Caron et Manuel Delilez pour Pentagon Papers

Film américain, Pentagon Papers nous présente Katharine Graham, première femme à diriger le Washington Post. En concurrence avec le New York Times, elle projette de révéler les véritables motivations du gouvernement américain dans la guerre contre le Vietnam.

Tiré de faits réels, Pentagon Papers revient sur le premier lanceur d’alerte de l’histoire américaine. Respectant le langage des années 60-70 – avec une touche de modernité – Juliette Caron et Manuel Delilez livrent une adaptation à la portée du public français. En effet, l’affaire est compliquée, les protagonistes nombreux et les références culturelles pointues. Tournées pour l’essentiel dans une salle de rédaction, les scènes donnent lieu à des dialogues denses, filmés en gros plan et dont le synchronisme ajoute à la réussite de cette adaptation.

Titre original : The Post

Réalisation : Steven Spielberg

Distribution : Universal

Laboratoire : Cinéphase

Direction artistique : Jean-Philippe Puymartin

Prix ATAA 2019 - Adaptation d’un film en sous-titrage, catégorie Non Anglophone

Tour d'horizon des finalistes de cette 8e édition

Emmanuelle Boillot avec Imane Khalil (consultante) pour Le Caire confidentiel

Thriller suédois tourné en arabe égyptien, Le Caire confidentiel raconte comment Noureddine, un inspecteur de police, est chargé d’élucider le meurtre d’une chanteuse commis dans un palace du Caire. Alors que grondent les prémisses du Printemps arabe, il se retrouve à enquêter sur la garde rapprochée de Moubarak.

Mêlant l’histoire contemporaine à une enquête policière, Le Caire confidentiel multiplie les registres de langue. Qu’ils émanent de policiers, de politiciens ou de gens de la rue, les dialogues s’adaptent et restituent une langue percutante et rythmée. Emmanuelle Boillot, aidée par Imane Khalil, nous plonge dans l'intrigue et la culture égyptienne grâce à des textes fluides et agréables à suivre. On se croirait bilingue arabe-français !

Réalisation : Tarik Saleh

Distribution : Memento

Laboratoire : Hiventy

Prix ATAA 2019 - Adaptation d’un film en sous-titrage, catégorie Anglophone

Tour d'horizon des finalistes de cette 8e édition

Odile Manforti pour Cro Man

Film d’animation anglais, Cro Man nous entraîne dans les aventures de Doug et de son ami Crochon. Relégués dans les « Mocheterres » suite à l’arrivée de l’âge du bronze, ces derniers décident de reconquérir leur place à coup de matchs de football.

« Loufoque » est probablement le terme qui décrit le mieux les sous-titres de Cro Man. On assiste à un festival de trouvailles tant pour la traduction des jeux de mots que pour le choix du vocabulaire. Et les noms inventés font preuve d’une aussi brillante fantaisie. Et que dire des allusions à l’actualité ? Odile Manforti ne manque aucun clin d’œil au star system des joueurs de football ou à l’isolement de l’Angleterre depuis le Brexit. Un travail impeccable !

Réalisation : Nick Park

Distribution : StudioCanal

Laboratoire : Dubbing Brothers

Prix ATAA 2019 - Adaptation d’une série en doublage

Tour d'horizon des finalistes de cette 8e édition

Fanny Béraud, Sabrina Boyer et Perrine Dézulier pour 1993

Série italienne, 1993 s’inspire de faits réels et de l’opération « Mains propres » engagée pour lutter contre la corruption généralisée de la classe politique et des entrepreneurs avides de marchés publics.

Entre élections, enquêtes policières et délits d’initiés, cette plongée dans les arcanes de la politique italienne est servie par des dialogues français d’un parfait synchronisme. L’impression d’immersion est complète. Plusieurs milieux se croisent : politiciens, policiers, artistes… Et Fanny Béraud, Sabrina Boyer et Perrine Dézulier sont parvenues à restituer le parler naturel de chaque personnage. Bien campés, ces derniers dressent un authentique portrait de la société italienne de l’époque. On se laisse porter au point d’oublier qu’il s’agit d’une adaptation…

Direction artistique : David Macaluso

Studio : Nice Fellow Belgique

Diffusion : OCS City

Distribution : Sky Atlantic

Prix ATAA 2019 - Adaptation d’une série en sous-titrage

Tour d'horizon des finalistes de cette 8e édition

Delphine Hussonnois et Odile Manforti pour Counterpart saison 1

Série uchronique américaine, Counterpart raconte comment la vie d’Howard Silk – simple employé de bureau – bascule lorsqu’il découvre l’existence d’un monde parallèle. Une réalité alternative habitée par son double, dont la personnalité et la moralité sont bien différentes des siennes.

À la fois vivants et inventifs, les sous-titres de cette série d’anticipation et d’espionnage sont ciselés jusque dans leurs moindres détails. Delphine Hussonnois et Odile Manforti ont su donner du relief aux dialogues, qu’ils relèvent d’un registre formel ou plus familier. Le résultat donne un texte percutant qui respecte le rythme de la version originale. Et, d’un épisode à l’autre, aucune fausse note : les auteures ont réalisé un beau travail d’harmonisation et d’homogénéisation.

Counterpart saison 1

Laboratoire : Dubbing Brothers

Diffusion : OCS

Distribution : Son

Journaldécembre 2018

Vie de l'ATAA
18/12CA de décembre

L'ATAA en version originale

On vous dit tout (ou presque) sur l'ATAA en images !

L'ATAA qu'est-ce que c'est ? A quoi ça sert ?
La réponse en 13 minutes.

Merci à Serge Gallo, l'auteur de ce film, et à tous les vaillants membres de l'association qui se sont prêtés au jeu de l'interview !

Pour un visionnage optimal, optez pour la HD 1080p derrière la petite roue dentée du lecteur YouTube.

Aucun traducteur de l'audiovisuel n'a été blessé pendant le tournage de cette vidéo.

Bref, j'ai participé aux 35e Assises de la traduction littéraire

Le week-end dernier, j'ai pris le train, eu du retard sur le premier train (forcément), du retard sur le deuxième, paniqué, mais je suis arrivée à temps (ouf !) pour le repas. Je me suis perdue (je ne sais combien de fois) dans les ruelles d'Arles (pas grave, c'est trop mignon), j'ai couru d'un point A à un point B, mais pas tant que ça parce que c'est tout petit, le centre d'Arles !

Bref, j'ai participé aux 35e Assises de la traduction littéraire.

Plus sérieusement (et en moins bref)...

C'est avec en tête notre volonté actuelle de resserrer les liens entre associations et branches de la traduction que l'ATLF m'a invitée à participer à cette 35e édition des Assises de la Traduction, rendez-vous incontournable de la traduction littéraire en France, qui se déroule à Arles.

Ma table ronde était prévue pour le dimanche matin. Mais quitte à me déplacer jusqu'à la jolie ville d'Arles, autant profiter des nombreux ateliers et des conférences proposés !

Le vendredi soir, je suis arrivée juste à temps pour profiter du premier dîner, très informel et joyeux, avec de grandes tablées qui permettent de se mêler, se rencontrer, échanger. Je partage mon repas avec une femme qui a créé une association pour promouvoir la traduction, une dame qui s'est lancée dans la traduction après une carrière dans le professorat, tandis qu'à ma droite, deux traductrices littéraires échangent sur leurs projets actuels et profitent de ma présence pour satisfaire leur curiosité sur l'audiovisuel ! Amusant, stimulant, délicieux...

Le samedi matin, j'ai décidé de me réveiller (tout en douceur, me disais-je, naïve que je suis !) avec une « chronotraduction ». L'intitulé était très précis, et s'est révélé tout à fait fidèle à la réalité, et pourtant...

Éduquons !

De l'importance de valoriser nos métiers auprès du grand public.

La grande communauté des traducteurs de l'audiovisuel est multiple, et c'est ça qui la rend belle. Chacun(e) a son parcours, son style, son identité... Il y a celles et ceux qui, très tôt, ont su que l'adaptation en audiovisuel était leur voie et ont suivi les études universitaires ad hoc ; et puis il y a les autres. Ceux qui sont arrivés là, non pas par hasard, mais par des chemins détournés. Ces dinosaures qui sont passés sur les bancs de la fac avant que les Masters spécialisés dans la discipline ne voient le jour et qui ont pris l'option, diplôme classique de langue en poche, d'aller courir le monde en collectionnant les rencontres, les expériences et les repas frugaux... Ce fut mon cas, et mon petit doigt me dit que je ne suis pas seule !

Anglo- et cinéphile, je suis arrivée au métier par la porte des festivals. D'un festival en particulier, celui du cinéma britannique de Dinard, où j'ai débuté par un concours de circonstances en 2005 comme "stagiaire en charge du catalogue bilingue". Mission si hautement estimée qu'elle était confiée chaque année, à l'époque, au premier étudiant qui pouvait se targuer d'avoir survécu à son voyage scolaire dans le Kent en classe de cinquième.

Bref. Ça, c'était avant. On va dire que la direction du festival était, à l'époque, plus experte en cinéma qu'en britannique... Chacun sa spécialité. Au fil des années (puisque j'y œuvre toujours, aujourd'hui à la programmation, 4 mois sur 12), je suis fière d'avoir contribué à concilier les deux au sein de ce beau festival et à développer, en parallèle, une activité indépendante de sous-titrage de l'anglais vers le français.