Portraits de traducteurs : Elisabeth Fuchs

Suite de notre série de portraits de traducteurs, membres de l’ATAA.
La parole est à Elisabeth Fuchs !

Nom : Fuchs
Prénom : Elisabeth
En exercice depuis : 2006 (en traduction audiovisuelle depuis 2015)

TON PARCOURS

Mon parcours est fait d’aller-retours inattendus entre langues et langage. Après un DEUG LEA, je me suis dirigée vers l’orthophonie. J’ai exercé la profession d’orthophoniste pendant huit ans, à la fois en cabinet libéral et en institutions spécialisées pour enfants et adolescents déficients intellectuels.

Je suis tombée dans le chaudron de la traduction par des chemins détournés. J’avais arrêté de travailler depuis quelques années pour élever mes enfants. Le patchwork était mon hobby et grâce à quelques amis que j’avais dans ce milieu, j’ai été contactée par la rédactrice-en-chef d’un magazine de patchwork qui cherchait quelqu’un pour traduire son bimestriel. Mes débuts ont été modestes. Ces traductions représentaient environ trois semaines de travail tous les deux mois, ce qui m’arrangeait bien puisque mes enfants étaient encore petits. Mon activité de traductrice a grandi avec eux et à mesure que la maison d’édition du magazine se développait. Petit à petit, j’ai eu l’opportunité de traduire des livres de patchwork puis des conférences et des cours lors de salons spécialisés. C’était très excitant de faire partie de cette aventure !

Après huit ans de traduction presque exclusivement consacrés au patchwork, j’ai eu envie de me tourner vers de nouveaux horizons. J’ai appris l’existence du master Traduction audiovisuelle et accessibilité de l’ITIRI (Strasbourg) lors d’un salon des formations et emplois. Après la « validation de mes acquis professionnels et personnels », j’ai pu passer les épreuves d’admission et j’ai été prise ! Mon année de master a été passionnante et épuisante (reprendre des études à 44 ans, c’est un sacré défi !) Mes deux matières préférées étaient le sous-titrage et la traduction médicale. Je me suis prise à rêver de pouvoir associer les deux… Mon rêve a commencé à se réaliser lorsque j’ai fait mon stage de master au Département d’histoire des sciences de la vie et de la santé (DHVS) de la faculté de médecine de Strasbourg. J’y ai sous-titré d’anglais en français une douzaine de vidéos médico-sanitaires pour la plateforme d’enseignement et de recherche MedFilm. Le bonheur !

Après l’obtention de mon master, j’ai repris mon activité freelance. J’ai fait du sous-titrage pour le grand public (épisodes de série, films, bonus DVD, etc) et pour des entreprises (ce qui m’a permis de refaire du sous-titrage de vidéos à contenu médical). Au bout d’un an, le directeur du DHVS m’a rappelée pour me proposer un poste de traductrice audiovisuelle à temps partiel. J’ai donc maintenant de nouveau une activité mixte (comme lorsque j’étais orthophoniste !), salariée du DHVS à temps partiel et traductrice freelance le reste du temps.

Ton premier bébé traductologique

Mon premier bébé traductologique audiovisuel est Brush for beauty, un petit film de 5 min datant de 1966 qui montre une jeune fille venue demander à sa tante, rédactrice-en-chef d’un magazine de mode, le secret de la réussite. La réponse est très simple : ce sont des dents en bonne santé ! Gros plans sur de vilaines brosses à dents ébouriffées dont il faut absolument se débarrasser et sur un dentiste qui montre comment se brosser les dents correctement à l’aide d’une brosse à dents et d’une maquette de mâchoire géantes. C’est délicieusement suranné, un peu discutable si l’on prend en compte les considérations actuelles liées au genre et très, très amusant dans ses ressemblances esthétiques avec Ma sorcière bien-aimée et Chapeau melon et bottes de cuir !

Brush for Beauty (États-Unis, 1966) Production : Cal Dunn Studios Inc. Archives détentrices : United States National Library of Medicine

Une prise de tête mémorable

J’essaie d’oublier les prises de tête aussi vite que possible pour me focaliser sur le positif.

Un regret

Aucun regret professionnel. Si j’ai parfois un peu douté sur le moment, avec le recul, je me rends compte que tout s’est toujours enchaîné au mieux, même lorsque j’avais l’impression d’emprunter des chemins de traverse.

une fierté

La diffusion de vidéos médico-sanitaires que j’ai sous-titrées lors de colloques internationaux à Strasbourg, Londres et Berlin.

Une envie traductologique

Travailler sur des émissions de Jamie Oliver !

Une rencontre

Tous mes stagiaires. Au DHVS, mon profil de poste inclut l’accueil et le suivi de stagiaires (généralement étudiants en master Traduction qui font un stage de trois mois). Ce sont toujours des rencontres fort sympathiques. J’apprécie énormément de pouvoir partager avec eux les ficelles du métier (je leur montre aussi un peu ce que je fais en freelance) et j’aime particulièrement voir s’allumer dans leurs yeux la petite étincelle qui me dit que j’ai réussi à leur faire passer un peu de ma passion pour la traduction.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

Je me demande si ce n’est pas plutôt ce métier qui m’a choisie...

Ton regard sur la profession et son évolution

N’ayons pas peur des évolutions. Au contraire, essayons de les accompagner voire de les initier. Toutes les professions évoluent depuis toujours. Pourquoi la nôtre échapperait-elle à ce principe ? Les évolutions ne sont pas forcément mauvaises. Restons ouverts à tout ce qu’elles peuvent amener de positif.

Ton regard sur la « consommation » d’œuvres audiovisuelles

C’est l’explosion de l’offre de séries de ces dernières années qui me frappe particulièrement. Pour moi, elle répond à un besoin ancestral de l’être humain : celui de raconter et d’entendre des histoires. Il y a eu les veillées au coin du feu, les après-midis passés au cinéma, les soirées télé, il y a maintenant le visionnage en rafale d’épisodes de série. Comme les modalités précédentes (contes, légendes, films, etc), les séries nous permettent de nous évader, de métaboliser les évolutions de notre monde, de réfléchir à nos relations avec ceux qui nous entourent, de découvrir des mondes ou des périodes méconnues, etc.

Et pour nous, traducteurs audiovisuels, cette profusion de séries, quelle chance !

Un coup de gueule

Les discours du genre « tout part à vau-l’eau » et « c’était tellement mieux avant » m’agacent.

C’est quoi un bon sous-titrage/doublage/voice over

C’est un sous-titrage/doublage/voice over qui se fait oublier !

Pourquoi l’ATAA ?

Nous avions eu une présentation de l’association en fin d’année de master. Unis, on est toujours plus forts.

Un dernier mot

Je suis ravie d’exercer un métier aussi varié et qui me permet d’apprendre et de découvrir autant de choses !

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