Avant dernier portrait 2025, Laura Lapierre, qui nous en apprend davantage sur une discipline méconnue, le surtitrage !
- Quel a été le déclic qui t’a donné envie de te lancer dans la traduction ou l’adaptation audiovisuelle ?
Dès le moment où j’ai découvert les langues étrangères vers 10 ans, j’ai su que je voulais faire de la traduction, c’est au fil du temps que j’ai affiné mes envies. J’ai grandi dans les salles de spectacles où j’y ai découvert le surtitrage vers 15 ans, et c’est grâce aux sous-titres de films que j’ai progressé encore plus vite dans mon apprentissage des langues. Donc quand j’ai compris que c’était un métier, j’ai pas cherché bien longtemps où je voulais aller.
- Quel projet a constitué pour toi le plus grand défi technique, artistique ou humain
Il y en a pas mal.
Techniquement, c’est clairement en surtitrage que ça se passe, tant sur le découpage que la diffusion, mais je mentirais en disant que je n’aime pas l’adrénaline que ça procure. Comme en sous-titrage, il y a la contrainte de caractères, mais en plus il y a la contrainte du direct et parfois d’un panneau de surtitres à plusieurs langues donc moins de place. Il faut gérer le bon timing sur de l’humour, et c’est vraiment à moi de jauger le temps d’affichage et le top. Cet été, à Avignon, la comédienne a improvisé et mélangé ses répliques sur les 7 représentations, donc il faut être alerte et bien connaitre son fichier pour jongler. Après, sur le plan humain, j’ai sous-titré pas mal de scènes violentes ou d’agressions sexuelles, et, comme je suis une madeleine, j’ai souvent mis du temps à m’en remettre.
- Y a-t-il une scène, une réplique ou un dialogue que tu as traduit/adapté et dont tu te souviendras toujours
On se souvient toustes de cette espace insécable avant un point d’interrogation ou d’exclamation qui nous gâche tout un sous-titre de dialogue, je pense, non ?
Mais ma plus grosse prise de tête, ça a été un documentaire sur une cycliste trans qui se genre au féminin aujourd’hui mais se genre au masculin quand elle parle de sa carrière de cycliste. Je me suis arraché les cheveux sur la temporalité, d’autant que le français est loin d’être aussi flexible que l’anglais. Mais ça m’a permis d’apprendre beaucoup sur la thématique des transidentités.
- Comment as-tu su que c’était le bon moment pour rejoindre le CA ?
J'en parlais avec mon amie Hélène qui, elle, est devenue membre du CA l'année avant moi et m'en a dit beaucoup de bien. Elle y a appris beaucoup et a pu apporter sa pierre à l'édifice, donc ça m'a donné moi aussi envie de participer.
- Quelle expérience ou expertise personnelle aimerais-tu mettre davantage au service de l’ATAA dans les mois à venir ?
L’année a été assez rude de mon côté, donc je n’ai pas pu partager mon expertise en surtitrage autant que j’aurais voulu, mais ce n’est pas trop tard j'espère.
- Qu’as-tu découvert sur l’association ou sur le métier en intégrant le CA, que tu ne soupçonnais pas avant ?
L’arborescence des questions, des thématiques, des institutions, etc. (et l’équipe chouette du CA).
- Quel changement récent dans le secteur te semble le plus déterminant pour notre avenir ?
Le combo coupes budgétaires sur la culture et sans surprise l’arrivée de l’IA sont assez déterminantes sur l’avenir du secteur. J’ai le sentiment de rééduquer la clientèle encore et encore sur des bases de conditions de travail et l’importance de notre métier, mais parfois ça paye, donc j’ai envie de garder espoir, même si c’est pas toujours facile.
- Quelle est la meilleure leçon que tu aies apprise depuis tes débuts, et que tu aimerais transmettre aux nouvelles et nouveaux arrivant·es ?
Après mon tout premier projet absolument désastreux, je me suis fait mon petit diagramme de Venn perso pour décider si oui ou non j’accepte un projet. Pour moi, seules deux suffisent pour accepter, et, si on est à l’intersection, c’est jackpot (mais c’est plus rare) : Tarif correct / Projet ou contenu intéressant / Conditions de travail correctes (délais raisonnables, équipe sympa, instruction claires et réalistes, etc). Ça a été une bonne boussole pour garder le cap jusque-là.
